LE TERRITOIRE DU VIDE

05 — 2023
09 — 2023

avec NM Moscatelli


Entretenus par l’homme et habité par les oiseaux, les Salins de Hyères brouillent la limite entre nature et culture, entre agentivité humaine et animale. En se concentrant sur les gestes et les pratiques plutôt que les auteurs de ces gestes, nous sortons du cadre de compréhension historique classique pour être davantage en adéquation avec une nouvelle pensée écologique et philosophique postanthropique.  Du premier pas de l’être humain jusqu’aux grandes constructions de nos civilisations, la compréhension de l’espace, de son arrangement et de sa signification géographique, politique et sociale fut le socle de ce travail commun. Un parcours d’œuvres et d’interventions in-situ dans l’aire visitable du Salin des Pesquiers a été imaginé ainsi qu’une exposition dans la grande mouture, en dialogue avec les œuvres extérieures et avec les archives des Salins d’Hyères. Le Mucem fit prêt de son fond photographique pour nourrir ce dialogue et l’élargir à d’autres salins en France et en Méditerranée.

La camelle est une pyramide de sel sur un site salinier. Ayant grandi sur la presqu’île de Giens, ce monticule blanc était un monument emblématique que Violaine cherchait du regard en allant à la crêche. Lors de la fermeture du site d’exploitation en 1995, le monticule a disparu et le conservatoire du littoral a peu après acquis toute la parcelle. Lors de la résidence, c’est le premier souvenir que Violaine cherchait à réssuciter, comme pour bâtir un édifice à sa mémoire. En reproduisant les gestes des ouvriers qui ensachaient le sel, ici même. Un effort titanesque d’élévation par la canicule du mois d’Août, aussitôt mis en péril par le premier orage, car le sable  (de plage) dont sont constitués les 100 sacs de 100 kg chacuns sont voués à se crever et le sable à retomber sur ce bras de terre si fragile reliant l’île au continent.

La réalisation d’un livre est complémentaire à toutes ces interventions et ajoute un supplément de sens aux actions in-situ. Le territoire de l’imprimé est le champ disciplinaire de Violaine qui a développé une quinzaine d’ouvrages éditoriaux expérimentaux. L'histoire de cette immersion de trois mois sur le site salinier est raconté dans un récit de science-fiction écrit par Niccolò. Le TERRITOIRE DU VIDE fut édité en 100 exemplaires par Studio A2, couverture insolée au soleil et imprimé en risographie.  D’apparence tout blanc avant d’être découpé, l’objet évoque les questions existentielles des trois mois sur le site : comment représenter le vertige de la page blanche, la lumière aveuglante sur le sel réfléchissant, l’absence d'humain, la solitude, l’attente et le silence ?



🄯 2024
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